Les shohin voient leur cote de popularité exploser en Europe ces dernières années. La mode du gros, voire très gros, semble reculer un peu. Nous pouvons voir de belles initiatives se développer pour créer des expositions uniquement destinées à présenter des arbres de la catégorie shohin. Mais ce phénomène n’est pas nouveau au Japon, il s‘est initié il y a déjà quelques années. Et dans ce contexte quoi de mieux que de rencontrer un des référents de la spécialité au pays du soleil levant, Mr Koji Hiramatsu.

Il est actuellement directeur de la All Japan Shohin Bonsaï Association dont il est également un des démonstrateurs officiels. Il est la quatrième génération à se succéder au Shunshoen bonsaï garden où nous l’avons rencontré à l’occasion du shikoku bonsaï tour 2011. Il est également considéré comme un artiste prometteur capable d’apporter un second souffle au monde du bonsaï au Japon et nous l’espérons bientôt en Europe. Les espoirs qui sont placés en lui sont certainement dus à la réputation de sa famille et leur apport au monde du bonsaï.
Le bonsaï, une histoire de famille :
Kuniaki Hiramatsu,


son père, troisième propriétaire de Hiramatsu Shunshoen, a commencé le bonsaï très jeune et était destiné à être le successeur de la pépinière. Toute sa carrière durant il présente des arbres lors d’expositions nationales et acquière une certaine aura dans le pays. Il en profite alors pour soutenir la culture des bonsaïs dans la région de Kokubunji (Kinsahi) avec son frère.
L’oncle de Koji Hiramatsu : Kiyoshi Hiramatsu,


il s’est consacré au baseball alors qu’il était lycéen et ce sont les derniers mots de son père qui l’ont poussé à rejoindre le monde du bonsaï pour « faire du bonsaï avec son frère ». Il a depuis continué à suivre la volonté de son père pendant plus de 40 ans. Nous avons pu nous rendre facilement dans sa pépinière car il suffit d’enjamber le muret au fond de la zone de culture pour y accéder.


Il a travaillé sur de grands kuromatsu (pin noir japonais) et akamatsu (pin rouge japonais), et a été reconnu pour la beauté de ses bonsaïs et le haut niveau de technicité de son travail. Il a reçu de nombreux prix pour ses arbres lors d’expositions locales à kinashi. Mais il décide de mettre davantage l’accent sur les chuhin et les shohin. Dont on peut en voir un certain nombre sur les étagères de sa pépinière : seijuen.
Durant sa carrière il ressent le besoin de structurer les producteurs de la région en vue de stimuler la culture des bonsaïs. Il a également dirigé la coopérative agricole bonsaï de Kokubunji pendant quelques années. Il fait montre de souplesse d’esprit en les poussant à se diversifier pour ne pas rester sur une production trop classique. Il affirme que certains d’entre eux peuvent créer quelque chose de nouveau et que tous ensemble cela apportera un plus à cette région.
Présentation du jardin :

Dans la zone de pleine terre on retrouve deux choses : des arbres formés depuis le semis et des yamadoris. Les arbres semés l’ont été par le père de Koji Hiramatsu et ils ont été quasiment intégralement formés en moyogi. Il y a une explication simple à cela, lorsqu’il a débuté cette production, les moyogi étaient les arbres les plus populaires au Japon. Ils cultivent également un grand nombre de yamadoris dans le champ avant de les mettre en pot. Ils sont ainsi préparés pendant de longues années : travail du racinaire et création des branches, greffes si nécessaire…

Les étagères sont couvertes de magnifiques pins noirs d’une cinquantaine de centimètres de haut. Les quantités sont impressionnantes, tout comme la qualité. On trouve aussi une zone avec un grand choix de mame de pinus thunbergii. Les caduques et les fruitiers sont également représentés mais dans une moindre mesure.

La serre à shohin est certainement la place où nous avons passé le plus de temps. C’est la plus petite pourtant, mais il y a là une telle concentration de shohin exceptionnels que les yeux n’en finissent pas de découvrir des merveilles. Il y a des arbres à vendre, mais également des arbres appartenant à des clients et collectionneurs que Mr Hiramatsu entretiens pour eux.
Des conditions de culture exceptionnelles :
L’accueil est chaleureux, au sens propre comme au figuré. Bien que l’on soit déjà à la mi-novembre la douceur est incroyable dans cette partie du Japon. Ce sont ces conditions climatiques particulièrement favorables aux pins thunberg qui ont fait la réputation de Kinashi : la capitale du pin noir en bonsaï. Le climat est sec, très ensoleillé et sans brouillard de pollution en été ce qui est idéal. La période de croissance démarre tôt et est par conséquent assez longue, ce qui permet de bien profiter du deuxième bourgeonnement des thunbergii après le tambaho réalisé début juillet.
Bienvenu en Europe Mr Hiramatsu :
Suite à sa rencontre avec le président de la fédération française de bonsaï, Koji Hiramatsu sera présent lors de la convention de l’EBA (European Bonsaï Association) en France en 2013. Ce sera un grand honneur pour moi de l’y retrouver. Mr Hiramatsu, nous vous souhaitons la bienvenue en Europe !
GuillaumeB pour ActuBonsaï