Je vous présente l’histoire d’un Orme Japonica, un arbre que j’ai débuté en Février 2005. A cette époque je cherchais souvent dans les grandes surfaces de la Gironde des arbres qui pouvaient me servir d’essai. J’ai trouvé celui-ci à dans un centre commercial de Bordeaux, pour 63 euros.
Travail d’un orme acheté en supermarché :

Fréquentant deux club sur Bordeaux à la même période, je présentais cet Orme à Hervé Dora et Laurent Darrieux, qui se lâchèrent comme d’habitude. Ils sont les instigateurs de ce projet et j’ai suivi, du moins au début leurs idées. Après quelques heures, la première mise en forme de cet arbre était effectuée. Vous pouvez la découvrir au-dessus. Malheureusement je n’ai pas fait de photo de cet arbre avant le début du travail raison pour laquelle j’appel cette photo « initial ». J’en ai profité pour le sortir de cette poterie de couleur bleu glace et le mettre dans un pot de culture plus adapté pour les premiers travaux.

Je décidais de lui construire de nouvelles branches, afin d’avoir de la profondeur mais aussi qu’il devienne dynamique avec une branche s’avançant vers l’observateur.

Par la suite je suis passé à l’étape des scarifications sur l’écorce. C’est une méthode qui n’est pas forcément appréciée par tout le monde. Normalement un feuillus doit être présenté avec une belle écorce lisse. Cependant l’orme Japonica est un arbre qui régit très bien à ce genre de travaux. C’est ici réellement que la création atypique de cet arbre a commencé. Car au lieu de me contenter de scarifier l’arbre, j’ai décidé de le sculpter, nous sommes alors en septembre 2005.

En Octobre 2006, cet Orme à très bien poussé. Voici deux ans que je le cultive. La seule chose que j’ai faite est de bien recouvrir les scarifications par du mastic pour éviter que l’arbre subisse des attaques de parasites.

Durant l’hiver assez rude de 2006/2007 je prends soins de faire quelques photos de cet arbre à -12 °. L’arbre n’a pas le moindre soucis, je me rend compte alors que ce n’est pas un Orme de Chine, mais bien un Japonica. Jusqu’ici, j’avais toujours pensé que c’était un orme de chine.

En février 2007, le printemps est précoce et m’oblige à rempoter l’orme plus rapidement que prévu. J’ai sélectionné un pot chinois acheté sur Paris, qui est du plus belle effet et qui me permettra de bien le cultiver pour arriver sur une bonne densification . Le pot est un intermédiaire de culture de bonne facture. L’arbre est légèrement tourné d’un quart de tour vers nous.

Je continue de creuser de temps à autre l’arbre. J’utilise cependant un mastic à pâte molle, de couleur verte, très efficace car il contient un antibiotique et protège bien les plaies. Le mastique est toujours posé juste après la scarification. « La Faille », c’est ainsi que je nomme cet arbre, évolue bien, nous sommes en avril 2007.

Première exposition à la convention EDG :
En Juin 2007, l’arbre fait alors sa première sortie nationale dans une exposition et participe à la convention EDG à Versailles. Je profite de l’occasion pour le présenter à Walter Pall et avoir son avis. Au vu de la qualité de ses arbres, l’avis de Walter Pall est une aide précieuse, même si cette construction ne lui plait pas du tout. Il est assez sévère sur le fait qu’un feuillus ne doit jamais être construit de la sorte.

En avril 2008, l’arbre au bourgeonnement commence a prendre un certains caractère. Il n’a plus cette forme primaire de départ. Le volume est désormais présent, et son tronc creusé avec son écorce qui commence à se desquamer le rendent plus beau à l’œil.

En Septembre 2009, je réalise un petit nettoyage et un traitement au liquide à jin à l’intérieur du tronc. C’est un essai pour savoir si le visuel de l’orme japonica est intéressant. Cela me permet aussi d’assainir l’intérieur du tronc qui a été sculpté.

Voici en détail l’implantation de l’arbre. Il n’a pas de réel nébari. Ces racines sont plongeantes. Elles sont travaillés par des scarifications pour donner encore plus de mouvement. Par contre ce travail n’est pas effectué jusqu’au sol pour éviter le pourrissement du bois.

L’arbre est alors exposé pour la seconde fois au niveau national à Carcassonne en mai 2009, durant la convention d’EDG. Tout n’est pas encore parfait, la densification de l’arbre n’est pas encore totalement complète. Cet arbre attire le regard, beaucoup de personnes posent des question sur sa construction et sa mise en forme.

Voici une des dernières photo de cet arbre présenté dans cette poterie. J’ai décidé qu’il était temps de le mettre dans un pot de Tokoname. Je commande à ce titre une poterie de couleur beige, avec de jolie pieds et une forme ronde évasée.

Voici la nouvelle poterie pour cette arbre. Mais je décide d’aller plus loin et de changer l’implantation de l’Orme dans son pot. Je me rappel un dessin que m’avais fait Hervé Dora et qui le représentait déjà dans cette position. Vu que son système racinaire me le permet je décide de voir l’effet de ce mouvement.

Le coup d’œil d’Hervé était fondé et juste. L’arbre prend en maturité grâce à cette nouvelle position dans le pot. Il faut corriger certaines branche, mais sa dynamique globale est plus intéressante, le mouvement est nettement renforcé. En Mars 2011, l’arbre débourre et prend encore plus en densité. La correction de certaines branche se fait par des haubans.

L’orme est présenté à Castre en juin 2011 au niveau national, à la convention EDG, dans une composition à trois éléments. La tablette n’est toujours pas la bonne, elle semble trop lourde et chargée sur la photo. Pourtant, l’orme se densifie de plus en plus et prend une belle patine. Son écorce est un délice à observer.

Le déclic avec un bonsaï d’orme :
Je considère désormais cet arbre comme une sorte de déclic. L’élément moteur de ma collection. Je suis aussi extrêmement reconnaissant à Hervé Dora qui m’a permis de comprendre la construction d’un bonsaï, de voir bien plus loin qu’une simple première mise en forme. C’est un apprentissage sur de nombreuses années. Je possède d’autres arbres en pot, mais celui-ci reste un peu le chou-chou dans mon cœur.

La structure de l’arbre doit encore être améliorée, les nuages doivent être matérialisés. J’essais aujourd’hui aussi de jouer sur la transparence de sa forme. Ce qui est amusant c’est de le voir changer de couleur juste avant de perdre ses feuilles durant l’hiver.
Cette photo sur Facebook est très remarquée, et fait en quelques sorte le tour de la planète. Mon intention était de donner une échelle, car on a du mal sur un cliché a déterminer la taille d’un arbre.

L’Orme de chine continue son parcourt national. Il est présenté dans différentes manifestations en France. Puis il est sélectionné pour la Noelanders en janvier 2014. Je pense que je suis arrivé ici à une bonne présentation. La tablette est de Rémi Guillot.

Je pense qu’il ne faut pas hésiter à innover, changer ou réaliser un « restyling » de son arbre. On le voit sur les différentes photos de cet arbre, les changements lui ont apporté un plus, une dimension nouvelle. Ces des détails qui semblent immuables, peuvent être retouché même légèrement. Le meilleur changement que j’ai fait est de le basculer pour transformer cette vision trop statique que nous avions au départ dans les premières années de sa conception.
La Faille nous prouve aussi qu’avec un arbre issu d’un centre commercial, il est possible de faire un bonsaï d’exposition.
2 réponses à “Histoire d’arbre: Orme Japonica – la Faille”
Incredible progression history and transformation of the tree over the years. Little things like change of pot and placement of branches made a big difference in a fairly short period of time. Over all and excellent result.
j’ai eu l’occasion de voir et de suivre l’évolution du travail sur cette plante ; c’ est une authentique merveille et surtout un très bel exemple d’aboutissement pour le bonsaiste qui rêve toujours d’avoir en sa possession une sujet de qualité sorti du fruit de son travail, l’aboutissement de cette plante est un très bel exemple de patience mes compliments