Lors du 11ème jour de notre voyage au Japon l’an passé, le Bonsai Food & Friends, nous avons eu le plaisir de passer une demi-journée en compagnie de Mr Isamu Murata et de son fils Yukio dans leur pépinière. Nombre d’amateurs connaissent le travail sur les érables palmés et buerger réalisés chez eux, mais très peu sont ceux qui connaissent leur lien avec les épicéas d’Hokkaido.


L’histoire de la famille Murata est quelque part liée, et en résonance, avec celle des picéas jezoensis prélevés au Nord d’Hokkaido il y a plusieurs décennies de cela. Il y a environ 80 ans, le père d’Isamu Murata c’est rendu dans le nord du Japon, au Nord d’Hokkaido, pour acquérir ces ezo matsu. Il s’y est rendu avec Mr Kato et son fils. A l’époque les arbres étaient collectés par les habitants de la région sur les îles voisines de l’archipel. Ils les prélevaient puis les ramenaient sur l’île principale pour les mettre en vente. C’est ici que leur destin de bonsaï a été scellé et qu’ils ont intégré les collections de deux grandes familles de professionnels d’Omiya.

Les îles des picéas d’Hokkaido :
Les îles au Nord d’Hokkaido d’où proviennent ces picéas sont en territoire japonais. Mais elles sont à présent sous occupation Russe bien qu’elles appartiennent toujours au Japon en théorie. Il existe déjà peu d’exemplaires de cette essence en bonsaï, et il n’y en aura certainement jamais d’autres collectés pour devenir des bonsaï dans les années à venir ce qui en fait des arbres d’autant plus rares et précieux. De plus il faut savoir que cette essence n’épaissis que de 3cm en 170ans ce qui exclus de fait sa production.


Quand le réchauffement climatique devient perceptible :
Ces picéas ne poussent pas naturellement dans la région de Tokyo, ils sont originaire de zones au climat beaucoup plus froid. A Hokkaido le climat est de type tempéré et continental, les étés y sont doux et les hivers sont longs et chargés d’une neige qui ne fond pas pendant plusieurs mois.
Dans le passé ces arbres étaient vigoureux, mais avec le réchauffement climatique la température générale dans la région de Tokyoa à augmenté. Les hivers sont devenus moins rigoureux et les arbres ont commencé à s’affaiblir progressivement.
Il devient à présent de plus en plus difficile de les maintenir en parfaite santé dans la région d’Omiya. A Kyuka-en les arbres reçoivent très peu d’engrais afin de pousser doucement et de recevoir le moins possible d’interventions lors de leur formation, mais pour remonter leur vigueur Mr MURATA a pris la décision de soutenir davantage la fertilisation.
Avec Alexandre nous nous sommes alors demandé si il était prévu de renvoyer ces arbres dans des régions plus au nord pour leur rendre un climat plus favorable mais cette solution n’est pas prévue pour l’instant.
Le climat japonais :
A l’inverse du climat très froid de leur région d’origine, ces épicéas semblent mal s’acclimater au climat toujours plus chaud de la région de Saitama. Sur toute la côté Sud-Est de Honshu, dont Tokyo et sa région font partie, le climat est subtropical. Les étés y sont chaud et humide et les hivers relativement doux et avec peu de chutes de neige. Bien sûr nous savons que ce problème ne va pas s’arranger dans les années à venir.
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Mr Murata nous explique les travaux sur les épicéas :
Pincement de fin de printemps :
En mai juin, au début de l’été quand les pousses sont encore bien vertes on les pince à l’aide des doigts en laissant seulement quelques aiguilles.
Protection du soleil en été :
En été les arbres sont placés à l’ombre car ceux-ci n’apprécient pas le soleil direct.
Exigence en arrosage:
Les picéas ont la particularité d’être gourmands en eau tant au niveau racinaire qu’au niveau foliaire. Mr Murata nous explique que les picéas ont une capacité très importante à absorber l’eau par le feuillage et ils aiment une forte hygrométrie ambiante.
Les parasites des picea :
Il faut être très attentif avec les parasites et particulièrement les larves qui peuvent dévorer les racines et faire dépérir très rapidement un arbre.

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Portfolio, les épicéas d’Hokkaido à Kyuka-en :
Picea Jezoensis de style chokan, tronc droit et première branche atypique
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Picea Jezoensis de style shakan, tronc incliné
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Picea Jezoensis de style sokan, double tronc
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Sur l’ensemble des épicéas présentés on peut une fois de plus ressentir cette liberté de travail de la famille MURATA. Les arbres ne sont quasiment jamais ligaturés mais travaillés par la taille et les pincements répétés, ce qu’il leur confère un aspect très naturel où l’intervention de la main de l’homme s’efface au profit de l’arbre.
8 réponses à “La famille Murata, Kyukaen et les picéas jezoensis”
Merci guillaume pour ton article, je viens d’apprendre beaucoup de choses sur cette variété de picéa, je comprends mieux maintenant le prix de ces arbres.
Merci pour ton commentaire Bonsako.
Personnellement je n’ai jamais vu ces picéas en vente et Europe, je n’en connais pas le prix.
Ces piceas jezoensis sont superbes. On ne voit pas le travail « la main de l’homme », c’est vrai. c’est cela qui est difficile a obtenir. merci pour ce reportage, et l’historique de cette famille de professionnels bonsaika. Il est bien , et bon de voir aussi ce qui se faisait avant. Apprendre a regarder et voir ce que l’arbre nous dit.
Merci Jean-Luc,
Il est vrai que sur ces arbres on ne voit pas la main de l’homme.
à propos des piceas jezoensis, si rare en Europe a l’état de bonsaï. je me souviens en avoir vu quelques sujets chez Jérôme HAY « jardin du levant », je ne sais s’il lui en reste encore. Les pré-bonsaï de picéas étaient issus de graines, ancienne pépinière « Bernard GENDRON ». Voila, peut-être une info pour les amateurs.
Merci beaucoup pour ce reportage. C’est étrange mais, on lit souvent que les arbres traversent les années et se passent de propriétaire en propriétaire, d’homme en homme. Souvent, on voit la photo du père, etc. À tel point que, bon, ok, on connaît le refrain…
Mais là, de voir la photo du grand père en plein yamadori tour, comme on en voit tant dans les blogs, cela m’a plus touché que d’habitude. Je ne sais pas pourquoi mais j’ imagine mieux les heures passées, de père en fils. Le temps qui passe, le travail selon les saisons et les inquiétudes partagées.
Merci pour nous avoir montré ces vraies raretés. Historiquement inimitables depuis que l’URSS occupe les îles Kouriles. Incroyables en raison du temps qu’il faut pour que les arbres poussent jusqu’à cette taille.
Bonne fin de voyage et de récit.
Merci Emmanuel pour ton commentaire. Effectivement c’est une part d’histoire que l’on a ici, incroyable de voir comment ces arbres traversent les générations.
Le voyage est fini, mais je prépare déjà le suivant.
Mes amitiés.
Rien ne vaut le naturel, quand on peux.